Lettre de Guy à Rico
le 31 décembre1915
« …J’ai fait ma demande pour passer aux autos mit. »
Si nous lisons bien sa lettre, Guy aurait fait une demande de retourner aux autos mitrailleuses. Or celles-ci sont parties pour la Russie depuis… . Alors, en est-il informé, est-ce auprès d’autres autos mitrailleuses ? En tout Guy ne semble pas trouver sa place dans la cavalerie et en particulier aux Guides.
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Retranscription du texte original :
Ce dernier jour de l’an 1915
Mon cher Rico,
J’ai bien pensé à toi aujourd’hui qui a l’heure où je t’écris te prépares à quitter les tranchées de première ligne pour celles de seconde, dans cet horrible secteur de Dixmude, en prairies basses aux arbres courts, aux horizons lugubres encore, la pluie. Et j’ai honte sincèrement, quand je songe à toi, de m’en aller bientôt à huit heures et demie au mess pour y commencer un réveillon qui ne doit se terminer qu’après minuit. Un réveillon où il fait chaud, clair et sec, où, malgré tout et quelle qu’elle soit, il y aura de la joie car telle est la volonté impérieuse des plats nombreux et des vins divers. Et cependant, tu marcheras lentement, péniblement à la tête de ton peloton dans la boue glissante et froide…
Que veux-tu que je te souhaite, mon brave Rico, pour cette années nouvelle, si ce n’est ce que nous souhaitons tous : la paix et la vie facile et heureuse.
J’ai reçu aujourd’hui une lettre de Maman – la tienne, parenthèse, était charmante – elle s’y plaint que tu ne reçois ni ses lettres ni son paquet d’excellentes victuailles – tout cela ne peut manquer d’arriver. Je n’ai reçu moi-même mon paquet qu’il y a deux jours.
J’ai reçu en plus un délicieux colis – contenant un calendrier ravissant, des livres et des pralines – de Mme Gulhaud, ainsi qu’un calendrier de Melle de Spirlet. Tu vois que mes flirts ne m’oublient pas.
Ce soir je dis au mess un monologue de mon cru. Il a bien fallu me fendre, Roger m’ayant lâchement dénoncé comme monologueur professionnel (!?) au réveillon de Noël. Tu liras quand tu viendras mes vers.
J’ai fait ma demande pour passer aux autos mit. T. n’a pas raté l’occasion de se montrer désagréable et méchant jusqu’au bout. Néanmoins la demande suit son cours avec un avis favorable du commandant. Formanoir a été charmant. Dis aux Oldenhove, si tu les vois, comment il est toujours pour moi afin que cela lui soit répété.
Crois-moi ton frère de coeur
Guy