Lettre de Raymond de Terwagne à Rico
Le 22 mars 1918

Raymond de Terwagne (1874 1951) est le frère de la mère de Rico : Cécile de Terwagne ( 1869 – 1928).
Il a 44 ans au moment de cette lettre et est donc vraisemblablement dans les réserves de l’armée belge.

Sainte Adresse

Pendant la Première Guerre mondiale, alors que la Belgique est presque entièrement occupée par les Allemands, Sainte-Adresse fut capitale administrative du royaume, cédée à bail au gouvernement belge pour la durée des hostilités, afin de ne pas faire de celui-ci un gouvernement en exil. Ce dernier s’installa donc du 13 octobre 1914 jusqu’à novembre 1918 dans l’« immeuble Dufayel », construit par Georges Dufayel en 1911. Les ministères, administrations et personnel diplomatique, soit plus de 1 000 personnes logèrent dans la ville à partir du 13 octobre. Le gouvernement belge avait à sa disposition un bureau de poste, utilisant des timbres-poste belges, ainsi que son parc de réparation automobile, son hôpital, son école. Une usine d’armement belge explosera accidentellement le 11 décembre 1915 à Graville-Sainte-Honorine faisant une centaine de morts.
Le chef du gouvernement belge, Charles de Broqueville, ne séjourne à Sainte-Adresse que le week-end, faisant constamment des allers et retours pour voir le roi, Albert Ier de Belgique, resté en zone libre belge, à La Panne. Le souverain belge ne s’est jamais rendu à Sainte-Adresse, mais a néanmoins son boulevard, sa place et sa statue monumentale, érigée en 1938, mise à l’abri en 1940, et réinaugurée en 1947.

Retranscription du texte original :

Ste Adresse, le 22 mars 1918

Mon cher « Amaury » (car c’est à un homme célèbre que je viens m’adresser)
Nous te félicitons de tout cœur, ta tante te moi de ta superbe conduite que nous venons d’apprendre.
Ta gloire rejaillit sur toute la famille heureuse de posséder un gaillard de ta trempe.
Les cavaliers cette foi se sont mis à mis à la besogne et nous avons constaté qu’ils travaillent très bien, continuez mes enfants !

Tu mériterais, après cela, un bon congé à passer auprès de ta mère, qui, toute heureuse, nous a annoncé tes exploits.
Un ordre est venu d’après lequel je devais me tenir prêt à rejoindre l’armée de campagne après le 24 mars. Mes préparatifs sont faits et j’attends paisiblement.
Plus que jamais nous avons du champagne à boire ensemble; aurions nous l’occasion de le boire avant la fin de la guerre ?

Jusqu’ici nos chemins ne se sont pas croisés et je le regrette infiniment, car cela m’aurait bien fait plaisir de te revoir ; maintenant je préfère attendre un peu pour laisser à tes décorations le temps d’arriver sur ta poitrine.

Encore tout bouffis d’orgueil, nous t’envoyons, mon cher Rico, toute notre affection
ton dévoué

Raymond de T.

 

« immeuble Dufayel »
Gouvernement belge à Sainte Adresse
Carte postale d'époque