Du lait au tissu, une affaire tout en douceur

Le soir du 24 juin 2017

Anke Domaske a lancé son aventure scientifique et entrepreneuriale lorsque son beau-père a développé une leucémie, en 2009.
« En raison de son système immunitaire très faible, il ne trouvait rien à porter car sa peau réagissait à toutes les matières », explique Anke Domaske, depuis son usine de Hanovre, en Allemagne.
Microbiologiste, Anke Domaske, qui a aujourd’hui 35 ans, commence ses expériences avec pour point de départ une technique des années 1930 pour créer des fibres en caséine, la protéine du lait.
« Au final, nous avons testé plus de 3.000 recettes », explique-t-elle, car elle voulait un processus naturel qui utilise en abondance le lait gaspillé en Allemagne, mais peu d’eau et aucun produit chimique.
Son processus, en cours de brevetage, est simple dans les grandes lignes : prenez du lait, laissez-le tourner, séchez-le pour obtenir une poudre de protéine comme celle utilisée par les athlètes, mélangez-la à de l’eau et autres ingrédients naturels, extrudez le tout pour dégager une substance duveteuse comme une boule de coton, puis filez-la.
En raison des normes sanitaires, les éleveurs allemands jettent près de 2 millions de tonnes de lait par an – de quoi remplir 770 piscines olympiques.
QMilk n’utilise que 1.000 tonnes de lait mis au rebut par an : la marge de progression est importante. Le tissu soyeux et antibactérien d’Anke Domaske est déjà utilisé par des stylistes de mode. En Italie, une entreprise en fait même du papier toilette.
La possibilité d’utiliser les excédents de lait n’est pas non plus restreinte à l’Allemagne ou aux pays occidentaux. Anke Domaske observe qu’en Inde, par exemple, la chaîne du froid n’est pas toujours impeccable et il n’est pas rare que le lait tourne. « D’énormes quantités de lait sont gaspillées dans le monde », regrette-t-elle.
NICK SPICER